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Révolution citoyenne

Héritage nucléaire

30 Octobre 2006 , Rédigé par Christian Laborde Publié dans #Sciences et techniques

Le CEA, laboratoire du démantèlement de l'héritage nucléaire
LE MONDE 27.10.06

Le nucléaire engendre des chiffres vertigineux. Il en va ainsi du démantèlement partiel des installations du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), évalué à 8 milliards d'euros. Pour le seul site de Marcoule (Gard), berceau de la production de plutonium militaire et du retraitement des combustibles usés, le devis est de 6 milliards d'euros. Ce chantier représente 140 000 m3 de zones contaminées et irradiantes. Il produira 27 000 tonnes de déchets de faible et très faible activité, dont le conditionnement nécessitera 4,3 millions d'heures d'interventions et 1 million d'heures d'études. Les opérations, entamées en 1997, prendront fin vers... 2035.

Imaginez qu'il s'agit d'un démantèlement partiel, et pas d'un réacteur de 800MW, encore moins de Superphenix dont on ne nous parle plus. Là les chiffres sont tellement ahurissants, qu'en fait le scénario le plus crédible est celui de la mise sous sarcophage. Merci pour l'environnement et les générations futures.

Démonstration d'autant plus attendue que la filière nucléaire française entend profiter de la conjoncture, favorable à l'étranger à la relance de ce type d'énergie.

Bien sûr, on veut remplacer les GES (gaz à effet de serre) qui sont une bombe à retardement à échéance d'un siècle par des déchets nucléaires qui sont une autre bombe à retardement à échéance de millénaires eux. Qui a dit que notre civilisation ne savait pas penser loin en avant.

Comment assurer le financement sur une si longue période ? Le CEA a constitué deux fonds consacrés, l'un civil (3,96 milliards d'euros), l'autre militaire (4,18 milliards d'euros), hors coûts de stockage des déchets. Le fonds civil, créé en 2001, outre des actifs financiers liquides, a reçu 15 % du capital d'Areva, sur les 79 % détenus par le CEA. Il est alimenté chaque année par le versement de dividendes. Le fonds militaire reçoit des contributions d'EDF et d'Areva en contrepartie de leur désengagement des opérations de démantèlement, tandis que les modalités de la contribution de l'Etat "restent à définir", indique le CEA.

En 2005, la Cour des comptes estimait que les charges de l'ensemble de l'"aval du cycle nucléaire" - retraitement et stockage des déchets - représentaient 10 % du coût de production du kilowattheure nucléaire. La loi sur les matières et déchets radioactifs du 28 juin a institué une Commission nationale d'évaluation du financement du démantèlement et de gestion des déchets, chargée de vérifier que les provisions constituées seront suffisantes. Le décret d'application n'est pas encore paru.

Ceci est la preuve que le gouvernement n'est pas prêt à examiner la facture et à l'assumer, peut-être par peur d'une mauvaise surprise.

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